Patience Thérapeutique

Le thérapeute, dans son rôle d’écouteur attentif, pressent toute la difficulté de son patient à se livrer ,et à élaborer son inconscient, qui est régi par ses propres lois et ses propres désirs .
Présent au premier rendez-vous , grâce au « faire-part « de sa souffrance, le patient ressent la nécessité de se sortir d’un fonctionnement qui le met en péril.
Cette démarche thérapeutique ,à elle seule, et malgré elle contient le problème et sa solution.
Le patient et le thérapeute  en relation grâce a la magie du transfert, vont vivre les modifications obligatoires de l’histoire ou même  « les murs ont des oreilles « …
De façon habile, bienveillante et empathique utilisant cette écoute « Patiente, » notre thérapeute ,qui a connaissance des résistances en jeu de son patient ,va opérer un travail de contournement ,de détour ,de questionnement ,pour parvenir à maintenir le transfert et à l’utiliser pour produire des améliorations physiques et psychiques .
Dans le déroulement de la cure, notre thérapeute confortablement installé dans son fauteuil, va pourtant vivre les séances de façon houleuse et énigmatique, car la violence du pulsionnel appelle en ce lieu ou toute « la patience du monde » est convoquée  pour ne pas mettre en échec son travail et son désir d’aide.
Sa patience devient alors la bouée de sauvetage à laquelle il va s’accrocher pour maintenir le cadre et les séances et parvenir à leur donner petit à petit une nouvelle orientation.
Tout cela nécessite du temps de la volonté de l’investissement de l’amour ou dans cette relation dissymétrique se trouvent  beaucoup d’ingrédients:Mélange de surprise ,d’énervement, de rire intérieur, d’angoisse, de tolérance, de compréhension et d’incompréhension avec un  gros zeste de « lâcher prise ».
Dans cette thérapie engagée et engageante ,entre envie et besoin entre temps et contretemps vont se rejouer tous les obstacles du Patient qui  abreuvent le moteur de la cure, sans lesquels aucune avancée n’est possible.
La patience du thérapeute ressemble, alors un état intermédiaire entre action et non action.
Entre silence et parole, entre pouvoir et soumission ,Il se tient dans ce temps suspendu, équilibre de fortune, où il sait que les choses ne dépendent que de la démarche volontaire de son « patient » qui accepte d’être « patient » …
De son côté entre désir et soupir ,La carte de visite du « lâcher prise«  utilisée  d’emblée par le thérapeute ,va devenir au fil du temps, le carburant primordial ,dans lequel le patient va puiser son énergie pour se libérer de ses émotions refoulées .
Il parviendra à son tour à se l’approprier, et se vivre dans une vie où la  « patience « deviendra le nouveau chemin à emprunter

CHANTAL HAGEGE

PSYCHOLOGUE  PSYCHANALYSTE