ROCH HACHANA :

Entendre et S’entendre pour ne plus souffrir…
Lorsque l’enfant parait, les parents subjugués par cette nouvelle vie qui les comble et les
submerge de bonheur, vont vivre un moment très particulier…
Là où le temps est suspendu, là où les mots restent absents, et là où les yeux papillonnent,
L’IDEAL de l’enfant prend forme…
L’enfant de son côté, entre toucher, regards et sons, va vivre cette chute de façon douloureuse,
car il se sent parachuté d’une galaxie où calme et sérénité habitent ses jours, à un monde fait de
bruits, d’images et de présences…
Percevant bien sa mission parmi ses « pairs », et parfois dans un DENI d’arrivée, il va rester
silencieux, d’où la nécessité d’une petite claque, pour obtenir ses larmes qui signent la prise de
conscience psychique de cet espace ici-bas.
Ouvrant les yeux sur le monde, alors que son sens de la vue n’est pas opérationnel, il n’aura de
cesse que de focaliser tout son émotionnel sur les images, les sons et les odeurs qui l’entourent,
pour tenter de décrypter le SENS des codes de notre monde et qui sont à l’inverse de ceux qu’il
connait et dont il est issue.
Comment donc se fabriquer à partir de cette pré-fabrication??
La langue maternelle n’est pas seulement composée de mots prononcés, c’est un bain de
langage contenant tous les ressentis, CONSCIENTS et INCONSCIENTS de celle qui a porté
l’enfant, et de son conjoint.
Le couple va s’inscrire dans une TRIANGULATION qui va fortement influencer l’enfant dans ses
identifications pour asseoir sa personnalité future.
L’enfant est donc à ce stade là, et à son insu, le dépositaire de données dont il en ignore luimême le contenu.
L’éducation des parents va permettre « d’élever » du mieux possible ce nouvel être qui n’est à la
base que le produit d’une contradiction :
– Entre lui , ses parents et sa famille
– Entre ses 2 parents ensemble
– Entre lui et l’extérieur .
L’école et les apprentissages vont alors débuter, avec le cortège de Droits et Devoirs et là où la
LOI n’était que susurrée, elle va s’imposer dans une nécéssaire socialisation de l’enfant.
Au fil de son grandissement, il va se découvrir des traits de caractère, issus de ses géniteurs
puisque formaté par eux.
Il y aura très souvent des mésententes et des conflits, qui sont le signe d’une construction en
cours.
Avec des parents « bons négociateurs » une Loi souple et ferme pourra se mettre en place,
l’enfant y trouvant les « bonnes limites » se développera harmonieusement, et apprendra à
connaitre son propre désir, et à respecter celui de ses parents, tout en découvrant le SENS de sa
vie.
Une loi rigide va enfermer l’enfant dans un DENI, car se sentant incompris dans ses besoins, il va
se replier sur lui même et ruminer sa colère et sa déception.
Néanmoins il va tenter d’être « conforme » car par amour pour ses parents l’enfant va vouloir
réaliser leur désir, mais va inhiber le sien propre.
Dans une ultime tentative d’exister dans son propre désir, il va mettre en place des stratégies
défensives visant à se protéger de l’autorité des parents ressentie comme massive et intrusive.
L’enfant idéalisé ne correspondant jamais aux attentes des ses parents, va entretenir avec eux un
amour haineux et fabriquer une relation où L ‘AMOUR FAIT MAL .
– ça fait mal quand l’autre ne nous entend pas
– ça fait mal quand l’autre ne nous regarde pas
– ça fait mal quand l’autre ne nous ressens pas .
Lorsque l’amour fait mal, la bouche SE TAIT .
L’enfant n’a pas pu se loger au creux de l’oreille, ni à la lisière du coeur de celui ou celle qui en a
la charge.
Il a abaissé son coeur au bord du précipice, les mots devenus encombrants, voir inutiles vont se
transformer au fil du temps en symptômes, qui vont apparaitre dans un cortège de somatisations,
allant du petit bouton sur la peau, à la maladie chronique.
Ne l’oublions pas , la maladie apparait :
– Sans prévenir
– Sans bruit
– Sans odeur
– Sans image
– Sans mots
Le corps va donc parler dans la douleur, les émotions liées aux souffrances restées prisonnières
et enfermées dans le silence des non-dits voir du DENI .
La vie SANS MOTS deviendra une blessure HORS MOTS qui, en saignant va parler le manque de
l’autre.
Vous savez bien que la MALADIE est un MAL A DIRE …
Roch Hachana, c’est la nouvelle année, où tout redevient possible, à condition d’une sincère
introspection pour sortir du DENI des émotions refoulées.
C’est aussi le souvenir de la sonnerie, qui rappelle la petite claque reçue à la naissance.
Cette sonnerie s’adresse surtout à l’enfant intérieur dans l’adulte, celui qui sa vie durant devra
aborder, affronter, accepter et s’adapter à la différence des Autres.
Cette sonnerie n’est-elle pas alors un signal d’alarme destiné nous réveiller de notre léthargie
habituelle?
Cette sonnerie n’est-elle pas aussi une nouvelle façon d’entendre que l’on peut mieux s’entendre
avec soi-même et avec les Autres ???
Dans cette reconnaissance des SENS et du SENS … le SON du CHOFFAR nous apparait comme
la voix de la conscience, la quintessence de L’Etincelle Divine déposée en nous, qui en se
réactivant et en perçant nos oreilles, va transcender notre âme.
Afin de mettre à jour et de traiter le fardeau du passé endolori, et bloqué dans les interstices de
notre cerveau et de notre coeur, ne restons pas SOURDS à cette nouvelle VOIX/VOIE qui nous est
proposée.
Essayons d’être les bons conducteurs de notre vie. Ne prenons pas la route en CONTRE-SENS ,
et refusons la facilité qui serait de croire que nous avons le temps… au risque de croiser pendant
ce temps là, sur notre chemin des « CHAUFFARDS » égarés.
Chantal HAGEGE
Psychologue
Psychanalyste