L’espérance
L’espoir , l’esperance, le langage courant emploie ces 2 termes indifféremment
Pourtant une distinction mérite d’être faite.

L’espoir renvoie à quelque chose de meilleur pour moi ou pour les autres, il s’associe à un excès de confiance et se meut avec l’échec.
Il s’inscrit dans un temps court.

L’espérance, en revanche, s’entend davantage comme une confiance pure et désintéressée en l’avenir.
C’est une valeur très présente dans les différentes traditions religieuses.
Elle s’inscrit dans un temps long car elle s’associe à une sérénité, une paix intérieure, une confiance en l’ordre des choses..
On peut dire que l’espérance est une attitude métaphysique, tournée vers un avenir inconnu, mais que l’on espère ou désire, favorable
Ainsi, cette attitude s’adresse à Dieu ou aux Dieux, selon les civilisations.
L’espérance s’associe à un désir d’immortalité par la volonté de se reproduire, de perpétuer l’espèce.
Ainsi, nous dirons que l’espérance est une énergie vitale, qui rend possible la croyance dans le futur, la faculté d’agir, de se projeter, de parier dans l’avenir, et de manifester par là même, une confiance sans condition.

Cependant, cette confiance en un futur autre et surtout meilleur, ne risque-t-elle pas de se transformer en désespérance, qui mettrait en échec notre faculté d’action?
Pourtant, sans l’espérance en un futur autre, comment notre volonté se mettrait-elle en mouvement ?

Le mythe de Pandore nous offre une interprétation intéressante de l’espérance.

La première interprétation se rapproche du mythe d’Adam et Eve.
L’espérance à été donnée aux hommes pour grandir, progresser, s’élever, et l’espérance restée dans la boîte, permet aux hommes d’affronter des épreuves.

L’autre interprétation fait de l’espérance un des maux qui ne s’échappe pas de la boîte, avec les autres, lorsque Pandore l’ouvre.
Dans ce sens, l’espérance renvoie ici, au mot grec “Elpis”, signifiant l’attente dans quelque chose de mauvais, un malheur.
Or, le fait que ce mal soit resté dans la boîte, qu’il n’a pas été donné aux hommes, leur ôte cette attente désespérée de la mort, cette angoisse proprement humaine de la mort.
L’homme, espère des choses meilleures, en évitant de penser à sa propre finitude, il recherche le bonheur et évite le malheur, par peur de souffrir.
Ainsi, l’espérance utilise l’imaginaire.
L’imagination est la faculté créatrice par excellence, au sens où imaginer, c’est rendre présent à l’esprit ce qui est absent du réel.
L’espérance n’est donc pas sans lien avec le rêve, nous dirons que c’est une émergence de l’inconscient, qui peut être une illusion.
Or, c’est en quelque sorte ce ” mystère” de l’espérance, cette confiance sans concession en la vie, qui rend possible notre volonté de mettre en œuvre nos efforts pour agir.

Dans cette perspective, nous dirons que l’ espérance est au fondement de la confiance en soi.

Il y a une relation très étroite entre la confiance en soi et l’espérance.

On pense couramment que pour avoir confiance en soi, il faut acquérir une maîtrise quasi parfaite de ce que l’on fait.
Une maîtrise et une sécurité données par nos compétences

C’est en déconstruisant cette idée, que nous ferons apparaître ce lien indestructible entre confiance en soi et espérance.

En effet, la confiance en soi, c’est précisément la capacité de se jeter dans l’action malgré ses doutes, ses peurs, ses incertitudes.
La confiance en soi n’est pas exclusivement, une confiance en ses compétences.
Si les compétences en sont une dynamique essentielle, deux autres facteurs interviennent:
La confiance dans la relation, dans l’autre et la confiance en la vie.
L’autre vous met en confiance en vous rassurant, il vous pousse ainsi à faire.
Mais dans l’action, cette sécurité se transforme en une insécurité, la maîtrise des compétences devient un lâcher prise une confiance en quelque chose vers laquelle je vais et qui m’est totalement inconnu.
C’est cette espérance en un futur meilleur, cette confiance, au fond de moi, en la vie, qui me fait agir.
L’espérance n’est ce pas au fond une confiance sans condition en la vie ?

Brigitte AIACHE