Nous n’en avons pas le souvenir, mais notre naissance est un traumatisme. Premier contact avec l’étrangeté de ce monde, qui fonctionne à l’inverse de celui dont nous venons : le ventre de notre mère lieu de la sécurité absolue “le Paradis perdu” à jamais et toujours recherché…
Sans vouloir nous l’avouer, nous la connaissons tous, pour l’avoir maintes fois éprouvée sans toutefois lui donner l’amplitude de sa mesure. Toujours douloureuse, très souvent persistante, occasionnellement captivante, et néanmoins envoûtante, la peur est notre amicale ennemie.
Elle nous mène, nous démène, nous égare, et nous ramène toujours au plus profond de nous-mêmes, là où les croyances nécessitent d’être éclairées à la lumière de notre expérience nommée “réussite” pour peut que “réussir” serait surtout de dépasser sa Peur.
Et pourtant sans elle point d’avancée, point de nouveauté, car moteur du paradoxe humain elle semble être le pont entre le “Connu” et “l’inconnu”… L’inconnu tirant la peur par la main pour la déloger de ses zones de confort et réaliser au fond, que l’obstacle n’était qu’un mur en carton. Pauvre patient en proie à ce sentiment qui le submerge au point de consulter, et d’accepter que tout seul il n’y arrive pas, ou plutôt qu’il n’arrive pas là où il le voudrait, sans soupçonner que de toutes façons, il ira là où ça le mènera…
Pauvre patient se situant dans cet “entre -deux” hébété entre son désir qui le pousse vers le nouveau, et la peur d’en être déçu. Entre Surcontrole et Abandon,sur l’échelle des émotions le barreau du “laisser-faire” prend tout son sens… Sens de la vie, vie pour voir, voir pour découvrir, découvrir pour se surprendre, et se surprendre pour désirer encore et toujours…
Puis peu à peu en réalisant qu’il n’y a pas de hasard, il cessera d’imaginer ce qui pourrait arriver, et acceptera peut-être de savourer le moment présent. Mais comme l’erreur est “humaine” et que l’essence de “l’inconnu” est “Divine”, la peur serait alors l’ancre jetée au fond de l’océan plutôt que de “s’y jeter” et accepter de “mouiller” son mouchoir d’avoir cru à sa dangerosité.
Telles sont les wagons que l’humain trouvera toujours trop lourds, pour arriver à percevoir que l’inconnu est la forme que prend D. pour nous aider à “nous” découvrir et découvrir que la peur nous fait moins peur.
Chantal HAGEGE