Le berceau de la violence
Animé d’un sentiment de cruauté infantile qui domine au premier stade de son développement, l’enfant va devoir parcourir un long chemin ,du babillage jusqu’au mot, pour parvenir à faire de la parole un outil de communication dans l’échange et le partage.
Auto centré sur lui-même ,et confronté à l’exigence de ses désirs et de leur satisfaction ,l’enfant ne se perçoit pas et encore moins, ne perçoit pas l’autre différent de lui.
Peur ,tristesse et frustration animent ses jours ,et sont les témoins du processus de sa maturité émotionnelle en cours ,pour tenter d’être compris.
Il méconnaît l’existence de ses émotions ,et dans sa perception du monde ,c’est « MOI OU L’AUTRE ».
Le rôle des parents est de mettre un frein aux sentiments agressifs ,que les enfants expriment par la colère ,et qui ne représentent que l’intensité de leurs ressentis.
Mais l’enfant campé dans un égocentrisme surdimensionné ,et habité par une volonté de satisfaire ses désirs à « tout prix « ,fera Fi de cette limite posée par les parents.
La parole parentale a pour fonction de se mettre en lieu et place d’un VIDE ,qui se remplira de violence ,si une communication harmonieuse ne s’établit pas.
Cette parole de LOI ,se posera alors comme l’INTER….DIT à entendre comme le barrage au « PAS TOUT »,qui est souvent le travail de toute une vie.
« Les plus heureux ne sont pas ceux qui possèdent TOUT mais ceux qui ont la sagesse de faire avec tout ce qu’ils ont. »
Cet apprentissage laborieux et difficile ,
avec le passage par l’insatisfaction ,va créer colère et souvent violence ,et renvoyer aux parents une culpabilité qu’ils devront gérer au mieux ,pour permettre à l’enfant d’intérioriser et d’accepter ,que dans la relation à l’autre ,ce sera maintenant « MOI ET L’AUTRE ».
Ce processus bien complexe ,ne peut se mettre en place de façon constructive ,à la seule condition ,que les parents soient au clair avec cette limite ,car on ne peut pas imposer à son enfant une limite qu’on a pas soi-même intériorisée….
La violence commence donc en ce lieu ,et deviendra au fil du temps le lait révélateur de la défaillance de la parole de l’adulte ,voir du lien familial.
Cette violence va représenter l’espace béant du vide ,ressenti par l’enfant ,qui n’a pas pu être comblé par la parole des parents limitante car pleine d’amour.
La violence actuelle ,celle constatée à l’école et dans la rue ,transpire de cette difficulté à accepter cette LOI seul véhicule de construction et de partage.
La violence nous ramène donc à cette époque infantile ,là ou les relations parents enfants sont restées « entrechoquées »,là où l’incompréhension et la Reine….et les désirs, Rois…
Cette crise d’identité ,par le canal de la violence ,l’autre nom du DESIR ,se joue alors dans le passage à l’acte plutôt que dans le passage au mot….
Lacan a dit « là où la parole se défait commence la violence »
La violence est donc une tentative de communication échouée ,qui cherche désespérément des réponses à ses questions ,pour accepter, que parfois il n’y a pas de réponse….
Le récit de la Torah n’est pas un conte de fées ,et on n’y trouve tous les comportements humains possibles et inimaginables, car D…seul connaît l’humain ,et il lui a donné ,des mots ,des lettres ,et des blancs ,gravés sur un parchemin inusable ,afin qu’il y mettre toute son intelligence, tout son énergie ,et tout son cœur ,à décoder et lire entre les lignes pour s’approprier « LA LOI DES MOTS » qui feront de lui un homme de parole et de confiance.
Chantal Hagege psychologue psychanalyste